Les Fintechs africaines, dans le développement de solutions de paiement, semblent tout rafler ou presque sur le continent. C’est le cas de la Cinetpay développée par Idriss Marcial Monthe et Daniel Dindji. De l’idée d’entrepreneuriat au positionnement africain, le CEO de la startup ivoirienne se dévoile. 

Cinetpay est une plateforme qui regroupe tous les moyens de paiement mobile money et de transfert d’argent. Une solution tout-en-un que la startup ivoirienne propose aux marchands avec un accès rapide et en toute sécurité à l’écosystème mobile-money : les paiements mobiles (mobile money), les solutions de paiement, les transferts d’argent et l’émission de monnaie électronique.

L’idée de se lancer dans la Fintech est partie d’une expérience vécue par les jeunes entrepreneurs alors qu’ils mettaient en vente des noms de domaines de pays africains sur une plateforme qu’ils ont développée. 

Entrepreneur : comment trouver LA bonne idée ?

« Les clients nous demandaient de nous déplacer pour nous payer” ces frais de déplacement coûtait en moyenne 70 % de la marge ».

Alors qu’ils vendaient des noms de domaines, les deux associés ont très vite réfléchi à une solution pour intégrer le paiement en ligne.  « Nous avons d’abord pensé à Paypal, nous avons utilisé le compte d’une cousine en France. Puis celui-ci a été bloqué, ensuite celui d’un ami au Canada et pareil. Paypal se rendait vite compte que nous étions en Côte d’Ivoire et bloquait les comptes pour des raisons de sécurité », confie Idriss Marcial Monthe. 

Soutenus aujourd’hui par les trois principaux acteurs du mobile money en Afrique, Orange, MTN et MOOV, le duo Idriss Marcial Monthe et Daniel Dindji se lancent alors dans le développement d’un portail de paiement localement accessible à tous. Défi qu’ils vont réussir au bout de 1 an en mettant au point la première version de la solution plus ou moins adaptée aux réalités du terrain. 

« Nous nous sommes dit qu’il fallait créer une passerelle qui intègre l’ensemble des possibilités de paiement présente sur le marché et que nous allions le proposer aux différents sites qui font de la vente en ligne », explique le développeur. « Très vite, il a fallu faire un prototype et tester la solution sur notre site internet ». La réaction des acheteurs de domaines ne s’est pas fait attendre et les jeunes entrepreneurs décident de mettre en vente une première version de Cinetpay. 

Paraître beaucoup plus sérieux pour gagner la confiance des clients

Quoique motivés à bloc et débordant d’idées pour accélérer cette révolution numérique, Marcial Monthe et Daniel Dindji sont, cependant, confrontés à un défi de financement et de compétences en la matière. Ils peinent même à voir aboutir leurs projets. À défaut d’avoir des ingénieurs, « nous avons donc recruté des stagiaires… on travaillait le samedi et dimanche certains ne tenaient pas plus d’une semaine puis nous appelait le lundi matin pour démissionner », explique Idriss. « La demande était présente et pressante », nous confie-t-il. Mais quand il a fallu confier des transactions plus importantes à l’équipe, les associés devraient paraître plus sérieux et le petit magasin qui leur servait de bureau n’aidait pas à gagner la confiance du client. « Il ne suffisait pas d’avoir un bon produit, notre image aussi était importante. Il fallait déménager ».

“Déménager, acheter des meubles et recruter”

Pour vendre leur produit, l’équipe utilise tous les canaux à leur disposition et surtout ceux qui ne leur coûtent pas un sou. Ils ont recours aux sites internet, réseaux sociaux, et se rendent à des conférences pour se faire connaître.

Si après 1 an et demi de labeur, les jeunes développeurs n’ont pas réalisé de bénéfice, ils sont parvenus en 2016, en revanche, à optimiser la solution Cinetpay devenue fonctionnelle. « Il ne manquait plus qu’attraper le gros poisson :  » le gros client qui allait nous faire confiance et qui avait assez de transaction pour apporter des commissions régulières à Cinetpay pour passer à l’étape supérieur ». Et il n’a pas tardé à arriver « Et à partir de ce moment, nous avons pu penser à fédérer l’équipe et organiser l’entreprise », nous raconte Idriss le sourire au coin des lèvres.  

Les qualités fondamentales pour entreprendre

Si après quatre années d’existence, Idriss Marcial Monthe et Daniel Dindji ont pu asseoir les bases d’une entreprise formellement constituée, les relations humaines notamment d’associés, quant à elles, restent compliquées. « Il y a beaucoup de théorie sur la manière de choisir son association. Mais la réalité est tout autre c’est impossible d’être aligné sur tous les points avec une personne. Si je devais conseiller les gens pour choisir un associé, ils doivent chercher quelqu’un qui est motivé, qui aime travailler et qui veut apprendre. Ce sont des qualités fondamentales surtout quand on est entrepreneur », conseille Idriss.

Les clés de réussite d’un entrepreneur

Fort de ses expériences d’entrepreneur et de manager, pour Idriss, l’entrepreneur est un soldat qui doit appliquer et faire appliquer rigoureusement des règles en plus de travailler sans relâche. « Quand il faut faire quelque chose, ne le remettez jamais à demain, jamais de retard de livraison, etc. J’ai eu l’opportunité de participer à un programme de 3 mois dans un accélérateur, “Founder institute” où nous sommes passé d’une promotion de 40 à 8 entrepreneurs, tant la discipline était de mise ». Quand on est une jeune entreprise, les opportunités ne sont pas nombreuses.  » Il faut les capitaliser en exécutant rigoureusement, même dans un environnement des plus hostiles », fait savoir le CEO. Il recommande à ceux qui souhaitent entreprendre de passer par les incubateurs et accélérateurs avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Car, « c’est là la vraie école pour devenir entrepreneur ».

Si tu pouvais revenir en arrière ?

Après 4 ans d’existence de CinetPay, Idriss, nous le dit sans détour « Si je pouvais revenir en arrière, j’allais me lancer beaucoup plus tôt dans l’entrepreneuriat.  Cela m’aurait permis de faire des erreurs plus tôt, de me casser la gueule en même temps que j’avance ». Selon le jeune ivoirien, gagner de l’argent ne doit pas occulter les relations humaines. Être un CEO, c’est partager, accepter les différences, être patient et tolérant souvent. Ce qui m’a fait tenir moi, c’est qu’il y a des clients qui croyaient en moi et attendait mon produit.

Aux jeunes futurs champions

Aux jeunes qui veulent se lancer, Idriss conseille de s’orienter vers un incubateur et d’apprendre.« Personne ne vous donnera plus d’argent que votre client ni les concours ni les investisseurs. Proposez des solutions innovantes à vos clients et visez la satisfaction ainsi vous pourrez les fidéliser. Ils vous donneront tout l’argent que vous voudrez », conclut-il.

Doté d’un terminal de paiement (TPE) multi-opérateurs mobile money,  CinetPay regroupe les trois opérateurs de paiement mobile présents en Côte d’Ivoire (Orange, MTN et Moov Money).