Daniel Oulaï, l'entrepreneur qui fait germer les graines

Soutenir l’activité des paysans, telle est la vocation choisie par Daniel Oulaï, un jeune « Agripreneur », d’origine ivoiro-liberienne. Fondateur de la Grainothèque, le jeune entrepreneur agricole qui à son actif plusieurs distinctions, fait éclore les idées comme des graines.

De l’idée à l’entreprise, Daniel nous raconte comment il est passé de consultant en marketing, à manager visionnaire qui chuchote à l’oreille des agriculteurs pour valoriser leur travail et leur permettre de vivre dignement de leur activité.

Ma première grosse désillusion

Désireux de se lancer dans cette noble quête du bien-être des paysans, Daniel essuie dès le début, son premier échec : il a démarré en proposant du contenu informatif à la Bibliothèque National d’Abidjan à l’intention des fermiers.  Le succès ne fut pas au rendez-vous, bien au contraire, la poussière s’entassait dans le rayon dédié à l’agriculture paysanne « À l’origine, je voulais créer une Banque de semence paysanne, c’était ma première idée. Elle a beaucoup évolué, j’ai voulu par la suite proposer un espace d’échange et partage de bonnes pratiques entre fermiers. Cette expérience n’a pas donné grand-chose non plus, car personne n’y allait », se souvient-il.

Le besoin était ailleurs

Il faut donc repenser l’idée après une telle désillusion. Daniel se dirige vers la Fondation SIFCA et réalise un programme : ouvrir une bibliothèque dans une ferme avec un espace dédié à la Grainothèque ainsi que de la documentation et un potager.

Cette fois, le programme a beaucoup de succès notamment auprès des étudiants qui venaient à la rencontre du métier. « C’est là que nous avons compris que le besoin était rural. Nous avons attendu que le projet pilote se termine avant de nous lancer sur notre propre espace 1 an après. Ensuite, nous avons mis en place un nouveau partenariat avec une association de développement local qui est bien implantée dans la formation agricole pour bénéficier de leur réseau et leur expérience pour aller plus vite », explique Daniel. 

 L’autofinancement

La question de la rémunération est intervenue assez rapidement, car quelqu’un devait travailler à plein temps sur le projet. Daniel se creuse les méninges et développe un modèle économique sans tordre la vision du projet. Pour assurer les premières charges, il sollicite les collectivités en zones rurales et leur vend des formations pour leurs administrés tout en participant au renforcement des compétences, aux partages et aux transferts de savoir-faire. 

Levée de fonds et consécration

Durant les premières années, l’engagement et l’abnégation sont les compagnons de travail de l’entrepreneur et cela a fini par payer. « Nous avons obtenu des fonds grâce aux prix « Pierre Castel de Bordeaux » et le fonds « Tony Eloumélou » », indique-t-il. En plus de ces appuis, le jeune agripreneur est enrôlé dans deux autres programmes : Incub’ivoir et Bond’innov ainsi que le programme AFD SIBC. Les fonds sont désormais suffisants pour avoir une personne à plein temps ainsi qu’une assistante. L’équipe ainsi constituée, Daniel Oulaï décide de venir en aide aux paysans en leur permettant d’accéder aux marchés pour vendre leur production et grâce à cela de ne plus perdre leurs stocks.

‘’ J’ai perdu un temps précieux à rédiger des plans d’affaires…’’

Suffisamment entourée pour développer son entreprise, la Grainothèque de Daniel Oulaï se développe. Elle étend ses activités à de nouvelles régions en Côte d’Ivoire.

« Il n’y a pas de secret, il faut travailler. Je suis quelqu’un de très ouvert j’ai le contact facile, j’aime chercher des conseils auprès de gens qui ont de l’expérience. Lorsque l’on lance une startup il est primordial d’être bien entouré et très agile. J’ai perdu un temps précieux à rédiger un plan d’affaires (rires), à faire de grandes théories qu’on développe dans nos bureaux climatisés »

Les coups durs et les moments de doutes

Leçon 1 à retenir : l’argent n’est jamais le problème.

“la plus grande leçon que j’ai apprise en entrepreneuriat et qui va peut-être étonner beaucoup, c’est que l’argent n’est jamais le problème. Dans le sens où on finit toujours par en trouver » affirme l’entrepreneur.

Dans notre équipe nous nous sommes vite aperçus que lorsqu’on fixait des objectifs sans cash ni trésorerie, on finissait par en trouver, à mener à bien nos projets et finir l’année sur un bilan positif”  se satisfait-il.

‘’On se demande pourquoi on n’irait pas en entreprise gagner un bon salaire’’

Convaincu que l’entrepreneuriat en Afrique relève du génie, tellement les obstacles et les barrières sont nombreux, Daniel a dû se forger un moral de gagneur face au découragement. « Parfois, dans les moments durs, lorsque les choses n’avancent pas vraiment et qu’on se décourage et se demande pourquoi on n’irait pas en entreprise gagner un bon salaire. Le plus difficile c’est lorsque l’un ses proches ne croient plus en notre projet, cela déséquilibre vraiment. Je puise mon courage et ma force en ces personnes qui m’écrivent, qui valorisent mon travail et qui m’encouragent parce qu’elles croient en moi », se confie-t-il. Aujourd’hui, Daniel a l’impression d’être un modèle de succès, il rencontre les élus et les décideurs plus facilement. Il arrive à les convaincre et donc se sent plus utile à sa communauté, » J’ai le sentiment de contribuer à mon niveau et d’être un vecteur de changement » se réjouit Daniel Oulaï.

Aïssatou Baldé

Rédacteur depuis : 3 novembre 2020

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